Vendredi 20 mai, un groupe est allé visiter le chantier POGO de Loctudy. Nous avons été accueilli par le M. Abraham, présentateur et ancien navigateur de course qui se trouve être aussi le frère de l’écrivain gardien de phare qui avait habité à Saint-Guénolé.
Ce jeune chantier (30 ans quand même) est à la pointe de la technologie et spécialité dans les bateaux de course. Une douzaine de bateaux sont construits en même temps dans les divers hangars, chacun dédié à une technique particulière : moulage de la coque, fabrication des superstructures, construction des mats, des quilles ou des dérives, finitions intérieures et extérieures en bois etc. Il a été particulièrement intéressant de voir comment se faisait les « sandwichs » double-coques plastiques séparées par un composant spongieux où de la résine liquide est introduite sous vide donnant au tout une grande rigidité. Certaines de ces techniques sont tout à fait novatrices et ont été reprises par la construction aéronautique.
Le plus beau bateau qui devait être mis à l’eau le lundi suivant est le 12 m Everial réalisé pour Stan Thuret à l’occasion de la prochaine course du rhum. Les autres grands voiliers en construction seront aussi dédié à la régate, et la plupart semble-t-il réalisés pour des loueurs de bateaux. Enfin ils ont aussi une activité importante de pêche promenade, mais uniquement à moteur et que le présentateur nous recommandait particulièrement en tant que personnes ayant comme lui, passé l’âge de la voile sportive. Début de gamme à 140 k€ quand même, un peu difficile pour les retraités de l’enseignement et de la recherche. Restons donc naviguer tant qu’on le peut, avec pour seuls bruits le vent dans les voiles et le clapot des vagues sur nos vieux canots.
La matinée n’était pas finie et Théo nous avait concocté une autre visite : celle de l’abri du marin de Sainte-Marine. Dès l’entrée on voit affiché une carte avec la répartition géographique des anciens abris du marin et la responsable nous accueille en présentant les deux expositions en cours : la permanente est celle de l’abri et la temporaire sur les pirates.
Elle nous raconte l’histoire des abris du marin fondés par Jacques de Thézac (1862-1936) un navigateur de plaisance qui s’était installé à Sainte-Marine après avec son épouse concarnoise. Au cours de ses régates, il avait côtoyé des pêcheurs et il avait trouvé inacceptables leurs déplorables conditions de vie et décidé de leur venir en aide. Personne ne s’en préoccupait à l’époque.
La première intervention pour leur venir en aide fut, en 1899, la création de l’Almanach du Marin Breton, toujours édité chaque année, et que tous les navigateurs connaissent. Les données techniques indispensables à la navigation y sont regroupées : horaires des marées, instructions de navigations, entrée des ports etc. Il s’y trouve aussi des conseils de vie et d’hygiène (notamment sur les dangers de l’alcool), des des histoires, des dessins humoristiques, des chansons et des maximes édifiantes.
A partir de 1900, avec son assistant matelot Pierre Quéméré, Thézac fait construire 11 abris du marins dans ls ports du Finistère et un dans le Morbihan (Le Palais). La plupart ont, comme celui de Sainte-Marine, la même architecture avec une belle et claire salle de réunion dotée de bow-windows au rez-de-chaussée, une bibliothèque avec des bannettes en bois le long du mur à l’étage et des murs extérieurs crépis en rose, « couleur du bonheur » et repérable de loin en entrant dans le port. Ils permettent de donner un lieu de réunion autre que les bistrots, de donner des formations pour la lecture des cartes marines et d’héberger les marins de passage. Il sont dirigés par un commité local de pêcheurs élus. Un gardien (ou une gardienne) y habite avec sa famille.
L’alcool y étant interdit, une tisane à l’eucalyptus y est proposée. Aussi étrange que clea paraisse, elle semble avoir eu du succès auprès des marins car elle est chaude et sucrée et apaisse les nombreux maux de gorge.
Après la seconde Guerre Mondiale, les conditions de vie à bord des navires se sont améliorées ainsi que la formation et la fréquentation des abris du marins a baissé. Celui de Sainte-marine a servi tour à tour de cantine et de lieur de rassemblement pour les jeunes et ferme définitivement ses portes en 1985. En 1992, il est racheté par la mairie et rénové pour en faire un lieu d’expositions.
En ce qui concerne les pirates, plusieurs points intéressants : un modèle réduit d’une belle goélette, un pirate très bien habillé (se servant des habits de ceux qu’ils estourbissaient, ils aimaient pavaner avec les plus beaux), plusieurs femmes pirates très expérimentées et le message crypté du pirate La Buse indiquant où se trouve son trésor mais que personne n’a pu retrouver jusqu’ici !