Pierrick Chuto le vendredi 5 octobre 2018

Oppositions entre cléricaux et anticléricaux

Vendredi 5 octobre 35 personnes ont assisté à la présentation par Pierrick Chuto des oppositions entre cléricaux et anticléricaux en Basse Cornouailles de 1905 à 1924.

Après le vote de la loi de 1905 l’administration lance début 1906, l’inventaire des biens cultuels dans tous les lieux de culte. Nombre de fabriciens et de curés ressentent alors l’arrivée des agents de l’état dans les paroisses comme une véritable agression.

C’est cela que P. Chuto nous décrit très précisément. On trouvera de très précieux renseignements sur ces affrontements verbaux mais pas seulement, dans le livre « Auguste, un blanc contre les diables rouges ».

Au-delà de ces affrontements, dont on peut dire qu’ils sont limités dans le temps qu’a apporté la loi de 1905 ?

 Il est vrai qu’à la fin du XIX s., les tensions étaient telles que des historiens ont pu dire que les deux France étaient au bord de la guerre civile. Quelle est la situation au lendemain du vote de la loi de séparation ?

Les cultes minoritaires (protestants et juifs) adhèrent sans problème à la nouvelle législation en invoquant le respect dû à la loi républicaine. Début 1906, ils se plient facilement à la procédure des inventaires et constituent des associations cultuelles que la loi avait créées à la place des anciennes fabriques.

La situation est différente du côté de la hiérarchie catholique. Pie X condamne solennellement la loi dans son encyclique de 1906 parce qu’il remet en cause la supériorité de l’ordre surnaturel sur l’ordre naturel. L’Eglise (catholique) doit avoir une place privilégiée dans l’ordre constitutionnel de la nation.  Il appelle les catholiques à une véritable résistance. Le message est relayé par les évêques dans leurs diocèses et par les parlementaires catholiques.

C’est bien l’honneur et le génie des pères de la laïcité que d’avoir élaboré une loi suffisamment libérale pour qu’elle permette de dépasser les oppositions entre croyants et non croyants. Cela s’est fait quelquefois dans la douleur mais au fil des dizaines d’année, la loi de 1905 s’est imposée comme élément essentiel de la société française. Comme preuve de cela trois citations des évêques de France :

– En 1925 : « Les lois de la Laïcité sont injustes parce qu’elles ont contraires aux droits formels de Dieu…. Elles tendent à substituer au vrai Dieu des idoles (la liberté, la solidarité, l’humanité, la science, …) »

 – En 1945 : « Si par ces mots de laïcité et d’Etat, on entend proclamer la souveraine autonomie de l’Etat dans son domaine temporel, son pouvoir de régir seul l’organisation politique, administrative, judiciaire, fiscale, militaire de la société temporelle, … nous déclarons que cette doctrine est parfaitement conforme à la doctrine de l’Eglise ».

 – Enfin en 2005 : « Pour ce qui nous concerne, nous ne pensons pas qu’il faille changer la loi de 1905…   La laïcité est apparue, au cours du siècle, comme un régime de pacification des esprits… L’Etat et L’Eglise catholique sont chacun dans leur registre le temporel (pour l’Etat) et le spirituel (pour l’Eglise. »

Comment expliquer cette évolution spectaculaire ?

La laïcité est un principe juridique qui permet de concevoir et d’organiser la coexistence pacifique entre des personnes de croyances différentes. 

Elle permet ainsi :

– La liberté de conscience c’est-à-dire de croire ou de ne pas croire                       

– L’égalité des droits sans discrimination ni privilège lié à une option spirituelle

– La recherche de l’intérêt général et non le communautarisme.

Le mouvement pour la laïcité, c’est-à-dire la séparation entre la sphère religieuse et les lois de la république a permis un développement constant des droits individuels :

 L’Etat Civil républicain, les cimetières publics, le mariage, le divorce, le statut des femmes, le suffrage universel, l’accès élargi à l’éducation et à la santé, l’accès à la contraception, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, le PACS, le mariage pour tous, la dépénalisation de l’homosexualité, les avancées presqu’acquises mais à confirmer sur la PMA et même une petite lueur sur la fin de vie.

Mais la plus grande réussite de la Laïcité c’est d’avoir dépassé l’opposition de la fin du XIX° s entre croyants et non croyants. Les forces religieuses les plus rétrogrades avaient alors réussi à imposer l’idée que la laïcité s’opposait à   la religion. Il est acquis maintenant qu’il n’en est rien, et que justement, c’est la laïcité qui permet la liberté de religion comme elle permet la liberté de conscience et d’expression.

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