L’opinion : Synthèse des travaux de l’atelier de réflexion partagée  de l’Amicale Laïque de Penmarc’h

 

 

L’OPINION

 Synthèse des travaux de l’atelier de réflexion partagée       

L’atelier de réflexion partagée est une émanation de la commission laïcité de l’amicale laïque de Penmarc’h. Il se propose de prolonger les débats des conférences organisées par la commission et d’aborder des thèmes propres, arrêtés en réunion. Cette année l’atelier abordera : l’opinion, la démocratie et la fin de vie. Il est ouvert à tous. Les débats respectent des règles de prise de parole qui permette le débat dans le respect et la tolérance de toute opinion et avec la qualité d’écoute qui sied à une assemblée qui prône la laïcité. Le prochain thème sera : la démocratie, libertés, devoirs, pouvoirs, autorités. Jeudi 9 janvier 2020 à 17 heures, place Jules Ferry.

L’opinion se manifeste à travers le langage, elle exprime

un élan vers les autres. Même quand elle prend la forme d’une opposition, d’une contradiction, elle reste une communication.
Elle s’est formée au cœur de notre intelligence, là où s’allient pour comprendre et penser, notre éducation, nos savoirs, nos expériences ; Elle s’est colorée là, de nos émotions, de notre sensibilité.

Que ce soit celle d’un grand esprit cultivé,

qui s’exprime avec la facilité de l’orateur, la simplicité du pédagogue et la précision du savant ou que ce soit celle de tout un chacun, enfermé ou non, dans les contraintes de l’existence, une opinion reste une opinion. Mais ce qui fait la grandeur du débat et la richesse de la démocratie qui l’accepte sans interdit ni mépris, c’est que de l’échange entre ces opinions différentes en apparence, naissent les actions des hommes sans préjuger de leur nature et de leur qualité : solidarité, réforme, révolution, affrontement et haine, guerre.

L’opinion relève du jugement. Elle porte toujours sa part d’apriori, de préjugé et d’ignorance liée à l’intime conviction même lorsqu’elle émane d’un esprit éclairé.

Lorsque l’opinion fait preuve d’ouverture et d’attention, le débat enrichit et clarifie son jugement, mais manipulée par un esprit cynique, elle devient un outil d’asservissement et d’embrigadement.

Parce qu’elle n’est que du langage, l’opinion est sujette à l’incompréhension et la méprise : chaque groupe humain dispose de son propre style de langage. Eviter les pièges du langage dans le débat d’opinion, atteste de sa volonté de débattre. Dans ce domaine le débat relève d’une pratique où chacun des protagonistes exprime sa volonté d’aboutir par l’application qu’il met à clarifier son propre langage.

Ce que l’on a coutume d’appeler l’opinion publique regroupe plusieurs notions : C’est d’abord une convergence d’opinions dans le débat public qui produit d’une part un sentiment commun dominant, d’autre part une pression diffuse sur les opinions divergentes. Mais c’est aussi l’identité d’un peuple qui s’exprime à travers l’opinion : ses valeurs communes élaborées au cours de son histoire et véhiculées par sa culture. Les opinions minoritaires et les identités divergentes peuvent subir l’opinion publique comme un moyen de coercition et d’exclusion, mais ils peuvent aussi être la source d’une évolution de l’opinion, le moteur du changement des organisations humaines, le ferment de la créativité vers des idées nouvelles.

Il est du rôle des médias d’approfondir tout ce qui se dit, se pense et se fait, en permanence et dans tous les sens. Les réseaux sociaux font partie intégrante de ces médias, ils y ajoutent l’immédiateté et l’universalité. Comme toujours, dans la bataille entre les modernes et les anciens, la nouveauté apporte le meilleur et le pire. « A la moderne » à travers les réseaux sociaux ou « à l’ancienne » par presse interposée, le débat d’opinion perdure de génération en génération.

La république reconnait la liberté d’opinion et d’expression et l’égalité de tous devant la loi : tout peut se dire dans la limite de ce que permet la loi. Mais ce postulat a ses limites : il y a eu des lois iniques sous l’occupation (les lois juives), on s’interroge aujourd’hui sur le droit de blasphème après le massacre du Bataclan, le mouvement « Mee to » trouve ses détracteurs parmi les esprits les plus éclairés. Les femmes n’ont jamais cessé de subir la violence de la société patriarcale malgré les lois de la république.

La citoyenneté impose donc à l’opinion, une qualité d’écoute qui fait appel à des valeurs de la laïcité : solidarité, tolérance, respect des autres. Sans exigence morale, le débat d’opinion est un déballage indécent de mauvaise foi : un « talk-show », une « exhibition de people ».

Même dans sa forme la plus abjecte, l’opinion peut exprimer une attente, une aspiration à un mieux vivre. Cette opinion peut trouver dans des idées prometteuses, dans des concepts accrocheurs, dans des harangues politiciennes, de quoi satisfaire ses attentes et répondre à sa frustration. L’exigence morale ne suffit pas il faut aussi inclure la responsabilité individuelle dans les dérives de l’opinion.

Ce sera l’objet de notre prochain débat qui portera sur la démocratie : Liberté, devoir, pouvoir, autorité… La responsabilité dans la démocratie : celle des citoyens et celle de l’autorité, celle des individus, fussent-ils les plus pauvres et les plus démunis et celle de ceux qui possèdent le pouvoir, la fortune, le savoir et dont la responsabilité est bien plus grande encore.

 

 

26 novembre 1974, Simone Veil à la tribune de l’assemblée nationale, défendant sa loi sur l’interruption volontaire de la grossesse. (IVG) 

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