Cérémonie de la laïcité en mairie du 9 décembre 2021

Le 09 décembre 2021, la municipalité de Penmarc’h et l’amicale laïque ont organisé une cérémonie de la laïcité en mairie, en présence de plusieurs élus, des membres de l’amicale laïque, des élèves des cours moyen de l’école Auguste Dupouy et de Thierry Abaléa, membre du bureau de la ligue de l’enseignement du Finistère. Cette cérémonie s’inscrit dans le cadre de la semaine de la laïcité organisée par la ligue de l’enseignement du Finistère.

Chaque année, le 09 décembre célèbre la journée nationale de la laïcité, date anniversaire de la promulgation de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. En 2019, une première cérémonie de ce genre a été organisée à Penmarc’h. À cette occasion, un olivier, symbole de la paix, a été planté dans le jardin de la mairie, il a été offert par l’amicale laïque. La plantation d’un arbre de la laïcité est une tradition qui remonte à l’époque de la Révolution française. Depuis cette première cérémonie, plusieurs communes et amicales laïques du Pays Bigouden commémorent cette date.

Thierry Abaléa, de la ligue de l’enseignement du Finistère, s’est adressé à l’assemblée en tenant ces propos : “Aujourd’hui la loi de séparation des Églises et de l’État souffle ses 106 bougies. Cela fait donc 106 ans, et même beaucoup plus puisque la ligue de l’enseignement existe depuis 1866, que nos associations laïques agissent pour faire vivre au quotidien ce principe de Liberté ! Merci à Elles”. “La laïcité consiste à accueillir l’autre sans préjugés, sans préalables de culture, de croyance, d’origine, de genre pour simplement vivre ensemble des moments de convivialité et de fraternité”.

La cérémonie organisée à Penmarc’h est à l’initiative de l’amicale laïque dont le président est Yves Roussin. “De nombreux évènements récents montrent que cette loi doit être expliquée et défendue dans ce qu’elle a de fondamental, c’est-à-dire qu’elle est une loi de tolérance et de liberté”.

Pour rappeler les fondements de la laïcité et en mémoire de Samuel Paty, enseignant assassiné en octobre 2020, les élèves de l’école A. Dupouy, sous l’impulsion de leur enseignante Véronique Royant, avaient entrepris un travail sur la liberté d’expression. Cette année, la classe a travaillé très profondément sur la notion de laïcité.

Au cours de la cérémonie, les élèves ont lu le poème “La Rose et le Réséda” (1943) du poète, romancier et journaliste Louis Aragon (1897-1982). “Ce poème est emblématique de notre conception de la laïcité, car il appelle à l’union, à la résistance, au-delà des diverses opinions spirituelles des hommes”.

La lecture du poème a été suivie par deux textes dits par le comédien amateur Penmarchais Xavier Bazin, “Le Fanatisme” (1764) extrait philosophique de Voltaire et l’éditorial “Charlie vivra” de Laurent Joffrin, paru le 07 janvier 2015 à la suite de l’attentat de Charlie Hebdo.

La maire Gwenola Le Troadec a clôturé le discours en rendant hommage à Samuel Paty. “L’assassinat révoltant de cet enseignant n’éteindra pas les lumières de la République, Une, Indivisible et Laïque”. “La laïcité est un principe fort, une valeur essentielle pour notre République”. “Pour nous tous, il s’agit de défendre la République et ses valeurs, et de respecter et faire respecter ses promesses d’égalité et d’émancipation”.

Amicale laïque de Penmarc’h
Discours commémoration arbre de la laïcité 9 décembre 2021

Il y a deux ans à ce même endroit pour planter cet olivier, nous étions plus d’une centaine. Il est vrai qu’il ne pleuvait pas mais il y a une autre raison au fait que nous soyons peu nombreux. En 2019, nous étions probablement les seuls dans le Pays Bigouden à avoir une initiative sur la laïcité. Cette année, ce n’est plus le cas puisque de nombreuses amicales laïques environnantes se sont impliquées ce même jour et restent évidemment concentrées sur leurs divers territoires.

En commémorant cette année, en partenariat avec la municipalité, la plantation de cet arbre de la Laïcité, nous renouons avec une vieille tradition qui s’inspire des arbres de la liberté plantés en grand nombre lors de la Révolution française.

Mais que voulons-nous faire, que voulons-nous dire par cet acte symbolique ?

Je ne vais pas reprendre ici ce que nous avons développé dans le rapport moral de notre récente assemblée générale dans lequel nous avons essayé de montrer comment à notre niveau nous essayons dans nos diverses activités de développer le vivre ensemble, la tolérance, la solidarité, la citoyenneté.

Je voudrais juste réaffirmer qu’aujourd’hui, à Penmarc’h, commémorer la plantation de notre arbre de la Laïcité, c’est d’abord commémorer la loi fondatrice du 9 décembre 1905.

De nombreux évènements récents montrent que cette loi doit être expliquée et défendue dans ce qu’elle a de fondamental, c’est-à-dire qu’elle est une loi de tolérance et de liberté.

On le dit souvent, mais il faut le rappeler inlassablement, la laïcité n’est pas une opinion mais le cadre juridique qui permet à tous les citoyens, en pleine liberté de conscience, d’en avoir une et d’en changer s’ils le souhaitent.

Mais cette connaissance et cette compréhension de ce qu’est la laïcité ne sont pas innées : elles nécessitent un travail d’apprentissage et d’éducation.

Et cela, c’est bien fondamentalement le rôle de l’école, entendue comme institution de la République, comme lieu d’intégration, comme lieu de savoir et d’émancipation où l’on apprend à bien discerner ce que l’on croit, ce que l’on suppose et ce que l’on sait, l’école comme lieu d’apprentissage collectif, et d’accès à la citoyenneté.

Et bien justement, nous avons aujourd’hui un exemple de ce que l’école peut faire, de ce qu’elle fait.
La classe de Cours moyen de l’école A. Dupouy, sous l’impulsion de son enseignante, Véronique Royant, avait déjà commencé à travailler sur la liberté d’expression après l’assassinat de Samuel Paty. Les élèves avaient notamment écrit une strophe de poème à la manière de « Liberté, j’écris ton nom » de Paul Eluard.

Cette année, la classe a regardé la vidéo « un jour, une actu sur la laïcité » et travaillé sur la charte de la laïcité à l’école. Tout une activité de vocabulaire, d’expression écrite et d’arts plastiques a également été développée autour du thème de la laïcité. Après la présentation du Poème « La rose et le réséda », les élèves ont pu s’exprimer sur ce qu’ils avaient compris de ce poème puis un travail d’analyse et d’explication leur a permis d’avancer dans la compréhension. Ce serait malheureusement trop long d’entrer dans les détails de tout ce travail.

Enfin, quelques élèves volontaires liront tout à l’heure le poème de Louis Aragon.

Ce poème est emblématique de notre conception de la laïcité, car il appelle à l’union, à la résistance, au-delà des diverses options spirituelles des hommes. C’est cela la Laïcité, ce n’est pas une lutte contre les diverses religions et spiritualités, c’est les admettre toutes dans la mesure où elles ne s’opposent pas aux lois de la société. C’est le contraire d’une attitude sectaire

Sans vouloir décerner des brevets de pédagogie, ce qui ne nous appartient pas, nous pouvons au moins décerner un brevet de promotion de la laïcité. De ce point de vue, je trouve que le travail réalisé par cette classe est remarquable. Car, c’est en parlant de la laïcité, en éclairant les jeunes sur ce qu’est réellement son cadre juridique et les principes qui la définissent que nous progresserons. En effet, la laïcité n’est pas une valeur dépassée, c’est au contraire une valeur d’avenir qui doit être promue.

Nous allons maintenant entendre trois textes. Quelques élèves de l’école A. Dupouy vont nous lire « la rose et le réséda ». Cette lecture va être précédée et suivie par deux textes dits par Xavier Bazin. Tout d’abord « Le fanatisme » extrait du dictionnaire philosophique de Voltaire, puis l’éditorial de Laurent Joffrin du 7 janvier 2015, « Charlie vivra ».

Nous passerons la parole ensuite à Thierry Abaléa du bureau de la Ligue de l’enseignement puis à Mme Le Troadec Maire de Penmarc’h.

Monsieur le Président, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Enseignants, Mesdames et Messieurs les élus et bénévoles d’associations, Mesdames et Messieurs les élèves, Merci de cette très jolie et émouvante cérémonie !

Aujourd’hui la loi de séparation des églises et de l’État souffle ses 106 bougies !!

Cela fait donc 106 ans, et même beaucoup plus puisque la Ligue de l’Enseignement existe depuis 1866, que nos associations laïques agissent pour faire vivre au quotidien ce principe de Liberté ! Merci à Elles !

Notre mouvement a souhaité, en organisant cette semaine, témoigner de la vivacité de ce principe de Laïcité qui permet aujourd’hui à nos enfants , nos adhérents, nos concitoyens de partager des moments sportifs, culturels, de loisirs, d’apprentissage dans le plus total respect des consciences.

Ce faisant, la Laïcité consiste à accueillir l’autre sans préjugés, sans préalables de culture, de croyance, d’origine, de genre pour simplement vivre ensemble des moments de convivialité et de fraternité.

Au cours de cette semaine où de nombreux évènements sont proposés partout en France, la plantation d’arbres de la Laïcité occupe une place  particulière. Ces initiatives par leur dimension symbolique et éducative inscrivent la Laïcité dans la durée et donc dans l’Histoire. Nous nous réjouissons de voir fleurir partout dans et autour des écoles publiques ces arbres qui composent une véritable forêt de la Laïcité. Et pour reprendre une idée aujourd’hui dans l’air du temps, vous les enfants de        faites votre part dans cette forêt.

En cela, la Laïcité est notre socle commun pour construire ce monde où il fait bon vivre, ce monde où la diversité est source d’enrichissement et non de stigmatisation et d’exclusion.

Oui, en organisant cette semaine, nous entendons mettre en lumière toutes ces initiatives qui depuis 1905 nous autorisent à rire, à aimer, à fêter, à tendre la main, à accueillir et à accompagner sur les chemins de la vie nos enfants sans peur et sans haine !

Je mesure combien ces mots résonnent dans de trop nombreuses régions du monde dans lesquelles la recherche du bonheur est renvoyée à une hypothétique vie future!

Ce 9 décembre est l’occasion pour nous tous,laïques républicains, de ne pas nous laisser enfermer dans une image poussiéreuse, passéiste mais au contraire dire haut et fort que la Laïcité est l’avenir de l’Humanité

En participant à cette semaine, votre association Monsieur le président contribue à ce grand élan d’Education Populaire  pour l’Unité et l’émancipation afin que toutes et tous puissent faire leur choix de vie  dans une République laïque, solidaire et Fraternelle

Merci à vous !

Discours de Gwenola Le Troadec, maire de Penmarc’h

Monsieur Abaléa, membre de la ligue de l’enseignement du Finistère,

Monsieur le président de l’Amicale Laïque, les enfants de l’école Auguste Dupouy,

Mesdames et Messieurs,

Le 21 octobre 2020, ici même un hommage à Samuel Paty était donné. Je commencerais par ses mots
« L’assassinat révoltant de Samuel Paty n’éteindra pas les lumières de la République, Une, lndivisible et
Laique. »

Oui, les lumières de la république sont laïques. Car, et vous l’avez rappelé, Monsieur le Président, cher Yves
Roussin, qu’est‐ce que la laïcité ? Inscrite dans la constitution, la laïcité est Un principe fort, une valeur
essentielle de notre république. Je le redis avec force, la laïcité constitue aujourd’hui un des fondements de
la République française, un droit et une liberté fondamentale. Elle repose sur deux principes : l’obligation de
l’État de ne pas intervenir dans les convictions de chacun et l’égalité de tous devant la loi, quelle que soit leur
religion.

La loi de 1905 proclame en premier lieu la liberté de conscience : « La République assure la liberté de
conscience ». Elle a pour corollaire la liberté religieuse la liberté d’exercice d’un culte et la non‐discrimination
entre les religions

Toutsemble dit, et pourtant, cette loi et I ’esprit de la loisont aujourd’hui attaqués par lesfondamentalismes,
les séparatismes, les extrémismes. Pour nous tous, il s’agit de défendre la République et ses valeurs et de
respecter et faire respecter ses promesses d’égalité et d’émancipation. La laïcité, c’est la neutralité de l’État,
marqueur de nos libertés, ce n’est pas la neutralisation des individus. Ce n’est pas une opinion mais c’est le
cadre qui les permet toutes.

La défendre, c’est défendre le cadre qui nous permet de vivre ensemble. Pour conclure, j’accolerai le mot
Tolérance a celui de Laïcité. Nous rassembler pour être au service de quelque chose de plus grand que nous.

Avoir la volonté de se tolérer les uns les autres pour construire ensemble un avenir commun. Et c’est
pourquoi, toutes et tous ici rassemblés, nous sommes prêts à lutter pour la laïcité.

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