Vendredi 5 avril la salle Cap Caval était pleine pour écouter « Lettres à Nour », douloureux dialogue difficile d’un père et sa fille qui vient de partir en Syrie.
Le père érudit éclairé, professeur d’université élevait jusqu’ici sa fille selon des valeurs humanistes. Celle-ci semblait y répondre et suivait à son tour de brillantes études, pourtant elle a disparu tout d’un coup.
Sa première lettre arrive : elle est partie se marier avec un compagnon rencontré sur internet et « faire le djihad » soutenir la cause des musulmans humiliés et agressés.
Dialogue de sourds : chacun exhorte l’autre à le rejoindre et de fuir les horreurs.
Mais de quel côté sont-elles ?
Au-delà d’un fait de société gravissime, de nombreux problèmes sont évoqués : doit-on privilégier la réflexion ou l’action ? Comment discerner la propagande de la vérité ? On peut réparer les exactions, mais l’humiliation ne s’oublie pas ! Comment quelqu’un que l’on aime et vit à côté de soi peut changer tout d’un coup sans qu’on ne le voie venir ? Comment expliquer le départ au « Jihad » de nombreux jeunes…
La version théâtrale du livre de Rachid Benzine tout juste publiée était magnifiquement soutenue par la comédienne Joséphine Serre (Nour) et Xavier Bazin (le père), et les compositions musicales pour piano de Véronique Briel (1er prix du Conservatoire de Paris).
L’auteur Rachid Benzine, lui-même brillant universitaire, politicologue et islamologue franco-marocain était présent dans la salle et a répondu avec brio à de nombreuses questions en fin de spectacle.