Débat au sein de la commission laïcité

Un débat au sein de la commission laïcité.

Cette année, la commission laïcité s’est attachée à réfléchir à une question de société. Elle l’a fait en produisant un débat entre ses membres puis en élaborant une synthèse des échanges qui puisse servir à éclairer la question. Cette réflexion est diffusée pour élargir le débat à tous les membres de l’association.

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Nous vous informerons de la question que nous aborderons l’année prochaine.

Sujet 2017/2018 

« Entre le respect des libertés fondamentales et l’expression croissante des comportements communautaires, quelle place pour la laïcité de demain ? »

La laïcité n’est pas une loi mais un principe ; la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 n’utilise à aucun moment le terme de « laïcité » et pourtant elle la fonde en principe et en droit.

Elle fixe deux objectifs : assurer la liberté de conscience, de culte et d’expression de ses convictions, assurer l’égalité de tous devant la loi. Pour parvenir à cet objectif, elle s’était donné deux moyens : la séparation des églises et de l’état, la neutralité de l’état. L’article 1 de la loi de 1905 affirme que « la République assure la liberté de conscience » et « garantit le libre exercice des cultes ». Cette vision libérale de la laïcité a fait consensus. Des raisons d’ordre public peuvent justifier une limite de l’expression religieuse. Mais cela ne peut rester qu’une exception strictement encadrée.

 

Plus de 100 ans après, cette loi continue de provoquer des affrontements, des débats, des compromis sans cesse remis en question ; mais l’esprit de la loi reste partagé par tous : Garantir la liberté religieuse et préserver le vivre ensemble. Pour les uns, la mixité sociale et ethnique est la véritable richesse de la république, pour les autres, les communautés et les cultures identitaires nourrissent la nation en assurant l’unité des groupes qui la constituent.

A chaque vague d’immigration, les communautés et leurs cultures se crispent, les partisans d’une laïcité close instrumentalisent les coutumes et les propos mais cela ne dure que le temps de l’intégration dans le maelstrom de l’identité nationale qui finit par faire société. (Les prédicateurs identitaires et confessionnels n’attirent plus que les désespérés et les oubliés de l’intégration). Car le problème est là : la confusion entre la culture et la croyance ; autant la culture est miscible dans la nation et fait évoluer l’identité collective autant la croyance est un marqueur individuel discriminant qui ne peut faire société que dans le respect de l’esprit de laïcité. Par ailleurs la capacité d’intégration d’une communauté est un facteur de pacification et d’unification de la nation. Lorsqu’une économie nationale n’est plus en mesure d’intégrer alors le communautarisme et le seul recours à la préservation de la nation, et une communauté peut devenir le bouc émissaire de toute une société plongée dans l’angoisse d’une crise dont on ne voit pas l’issue.

L’origine de l’immigration n’est jamais la même : un drame personnel, la persécution d’une culture, une catastrophe humanitaire mais le résultat est toujours le même : le déracinement, la solitude et la souffrance.  Le devoir de solidarité universelle, nous engage : la compassion et la solidarité avec les démunis, l’ingérence dans la source du problème. Mais nous devons le faire sans misérabilisme ni complaisance. En préservant notre espace de liberté et son histoire des comportements destructeurs et suicidaires de ces exclus aveuglés par le désespoir et la frustration.

 

La loi de 1905 dispose des outils nécessaires à cette cohésion et cette intégration : liberté individuelle de conscience, égalité civile, et instruction publique ; il faut préserver la force de ces trois piliers pour garantir la solidité de l’édifice. La liberté d’expression peut être provocatrice, stigmatisante mais jamais diffamatoire ; L’indépendance de la presse et de la justice sont des garanties à cette liberté ; la démocratie véritable qui assure la séparation des pouvoirs et ménage l’alternance permet de sauvegarder l’égalité et la solidarité entre tous enfin et surtout une éducation nationale laïque et universelle permet l’intégration rapide des immigrations et le brassage social qui renforce la démocratie.

Que chacun exerce ses croyances sans aucun prosélytisme, dans un espace public partagé égalitairement et fraternellement par tous, n’empêche pas la conviction et l’affrontement de s’exprimer mais par les mots et le débat.

La laïcité sera ainsi à la fois : une responsabilité citoyenne pour un destin commun, et un espace de liberté partagé sans qu’aucune philosophie, religion ou vision du monde ne puisse s’imposer aux autres comme supérieure.

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