Conférence sur le paysage du 1er avril 2022

Conférence sur le paysage du 1er avril 2022

Paysage d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui.

« Si tel assemblage d’arbres, de montagnes, d’eaux et de maisons, que nous appelons un paysage, est beau, ce n’est pas par lui-même, mais par moi, par ma grâce propre, par l’idée ou le sentiment que j’y attache. » – Charles Baudelaire

Un paysage reste cette portion d’espace que j’embrasse du regard, sans oublier de mobiliser mes autres sens, l’odorat, l’ouïe, etc.

 Mais si j’appréhende un paysage par mes sens, je me l’approprie par des références culturelles.

Si je suis un Persan de l’Antiquité, je recherche un jardin clos, « pairidaeza », un paradis d’eau, de végétation, de fraîcheur au milieu du désert. Un lettré chinois, de notre Moyen-Age, s’attarde sur la montagne et l’eau des fleuves et des brumes, le Yang, le chaud, et le Yin, le froid : l’équilibre de la philosophie taoïste. Nos peintres de la Renaissance privilégient les scènes bibliques sur fond de paysages plus ou moins imaginés.

Ce n’est vraiment, dans notre Occident, qu’à la fin du XVIIIème, les paysages « naturels » sont recherchés ; la forêt n’est plus le domaine de l’ogre, de la sorcière, les glaciers ne sont plus des terres stérilisées par une punition divine, l’océan n’est plus la relique tumultueuse du Déluge. Montagne, mer, littoral offrent au romantique des paysages « sublimes » !

Et dans les décennies suivantes, l’idée de protection des paysages, de la nature, se développe ; autant par l’action des peintres de l’école de Barbizon pour la forêt de Fontainebleau que celle du président Grant pour la création du parc de Yellowstone.

A tous les niveaux, français (une législation très abondante), européen avec le Conseil de l’Europe, international avec l’UNICEF, la protection des paysages est à l’ordre du jour. Protection, conservation mais aussi, toujours, aménagement pour la fréquentation touristique. Ainsi, en France, le label « Grand Site de France » accordé à « la Pointe du Raz en Cap Sizun » : pour le naturel, l’hôtel de l’Iroise a été détruit (« Petite maison engloutie par un grand projet » selon un article de Libération) mais pour l’artificiel parking et centre commercial).

Finalement, au travers de l’appréciation des paysages dans le passé, les approches contemporaines, protection, conservation, aménagement, le paysage apparaît comme interface entre les sociétés et leur environnement. Il n’est exclusivement ni à la Nature, ni à la Culture. Il n’est pas qu’environnement physique mais ancré dans le réel avec une dimension sensible, culturelle. Objectif et subjectif s’y interpénètrent

Claude Nicot.

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