CRECHES DE NOËL
Une crèche dans un hôtel de ville ?
Le sujet illustre bien la métamorphose d’un culte en culture. Le glissement de la sacristie au musée ou de l’ostensoir au présentoir, modifie le statut strictement religieux d’un certain nombre d’objets, de symboles, de manifestations liturgiques devenus avec le temps des biens patrimoniaux voir des objets d’arts.
C’est en ce sens qu’il faut interpréter la décision de Conseil d’Etat concernant l’installation de crèches de Noël dans les bâtiments publics. Il a estimé que l’installation est légale si elle présente un caractère culturel, artistique ou festif mais non si elle exprime la reconnaissance d’un culte ou une préférence religieuse.
Ainsi les crèches avec la paille, l’âne et le bœuf, à l’instar des santons en Provence ou des « géants » du Nord, entrent dans cette catégorie du culturel. Plus folkloriques que prosélytes, ils signalent désormais une tradition plus qu’ils ne portent une conviction. Il faudra néanmoins veiller à ce que ce genre d’exposition ne serve pas à réinvestir ces objets d’un sens religieux qu’ils ont perdu.
Même si elle est autorisée, la mise en valeur ostentatoire dans le hall de la maison commune qu’est la mairie reste un geste discutable. Les élus de la république peuvent avoir leurs affinités, leurs traditions, leurs croyances, mais ils sont à la fois notabilités locales et agents du pouvoir central.